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Dossier : La réintroduction

La réintroduction

Après 3 ans d’études, Ziva et Mellba, deux femelles (dont l’une est gestante), puis le mâle Pyros un an plus tard, tous trois venus de Slovénie, furent équipés de colliers émetteurs et lâchés dans les Pyrénées Centrales, à Melles en Haute-Garonne. L’ADET fait partie des instigateurs de ce projet mené dans le cadre du programme européen LIFE, conjointement avec l’Espagne. L’enjeu est important puisqu’il s’agit de tenter de sauvegarder l’espèce en France.
Pour les élus à l’origine de ce projet il s’agit de mettre en évidence le côté environnement préservé à travers l’image de l’ours et d’en retirer une plus value sur le plan touristique et économique. Les associations de chasseurs, de pâtres et d’éleveurs ont été associées au projet, bien que beaucoup regrettent aujourd’hui l’absence de concertation plus large.
Des ours slovènes ont été retenus car ils sont très proches génétiquement et vivent dans un environnement similaire à celui de l’ours pyrénéen. Leur acclimatation n’a pas posé de problèmes.
Les ours font leur vie sans trop faire parler d’eux jusqu’en septembre 97 où Mellba est tuée par un chasseur en Haute-Garonne en laissant deux oursons, Broutxy et Caramelles. Le tribunal accepte la légitime défense et le chasseur est relaxé.
Mi-juin 99 apparition de un puis des deux « adolescents » de Mellba dans les environs d’Ax les Thermes, les journaux font état des premiers dégâts.
Tout au long de l’été 99 les orphelins défraient la chronique en Ariège et dans l’Aude, on leur attribue une cinquantaine de victimes dans les troupeaux.
Levée de bouclier des bergers, des associations pastorales et des élus qui demandent la disparition pure et simple de l’ours avec un point culminant lors de la manifestation d’août à Foix.
Suite à ces démonstrations de force, et pour tenter de remédier à l’intolérance avant qu’il ne soit trop tard, l’Élysée dépêche deux conseillers en Ariège.

La polémique

Faut–il vraiment choisir entre l’ours et le berger ?

Certes, l’ours fait des dégâts dans les troupeaux mais moins que les chiens errants et les bêtes tuées font l’objet d’une indemnisation. On peut tout de même comprendre le désarroi des bergers face aux attaques de l’ours qui peuvent faire de véritables carnages et « traumatiser » les troupeaux. L’ours remet en question la façon de travailler des bergers qui ont oublié la présence des grands prédateurs. Contrairement aux troupeaux des vallées d’Aspe, destinés à la production laitière, les troupeaux ariégeois, destinés à la boucherie, ne sont plus gardés. Une voie possible réside dans le renforcement de la garde et l’utilisation de chiens de défense dits « patous » utilisés avec succès dans le Béarn. Le plan de réintroduction de l’ours prévoit normalement le financement de ces chiens et l’embauche de gardiens de troupeaux.
Les touristes sont partagés entre inquiétude et curiosité mêlée d ‘un soupçon d’excitation à l’idée de rencontrer l’animal. Pour des conseils pratiques sur l’attitude à avoir en cas de rencontre avec le plantigrade suivez les petits trucs du « docteur ours » sur le site de l’association Artus.
D’autres pays où la population ursine est bien supérieure (Amérique, Monts Cantabrique en Espagne) parviennent à cohabiter, en Italie l’ours est utilisé comme vecteur touristique.
Le manque de concertation a beaucoup nui au projet même si maintenant? les instances élargissent le dialogue. Les ours se déplacent beaucoup et de façon imprévisible lorsqu’ils ont perdu leur émetteur, de nombreuses communes concernées n’ont pas forcément été associées au projet. Les détracteurs considèrent que c’est un diktat supplémentaire venu de l ‘administration, alors l’esprit rebelle et indépendant des montagnards se réveille. Ajoutez à cela l’activisme de certains politiques qui ont trouvé là un sujet de va-t-en-guerre contre les technocrates de l’Europe et l’on peut comprendre l’empressement du Ministère à essayer de calmer les esprits.

Comme le note S. Moreau dans son article, le contribuable, principal financeur des ours et des bergers, aime l’ours, le mouton et la montagne (j’ajouterai qu’il aime aussi les bergers).

Quelques précisions

Après 3 ans d’études : menées notamment par l’association Artus (www.multimania.com/artus/) qui regroupe des scientifiques et naturalistes pour la protection de l’ours.

A.D.E.T : Association pour le Développement Economique et Touristique de la haute vallée de la Garonne. L’ADET a pour ambition d’utiliser l’image de l’ours comme moteur de développement économique et touristique.

Programme LIFE : objectifs : – analyser la capacité d’adaptation de l’ours, déterminer avec les habitants comment les ours peuvent être acceptés. A plus long terme et en concertation avec la population, éventuellement, réintroduire de nouveaux animaux. Cette démarche s’inscrit dans un plan global de reconstitution de la faune pyrénéenne. Mené conjointement avec l’Espagne et financé par l’Union Européenne.

Proches génétiquement : Lycée des Arènes de Toulouse

Indemnisations : Le montant global des indemnisations liées aux méfaits de l’ours se monte à 75 000 F au 15 septembre 99 pour l’Ariège. On estime que le projet a coûté 15 millions de francs dont 6 millions à l’élevage ovin en 3 ans. Les brebis sont remboursées bien au delà de leur valeur marchande, une prime supplémentaire compense les effets secondaires. En Ariège, le département le plus touché, l’administration ne s’est pas montrée trop regardante sur les preuves de la culpabilité de l’ours

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