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La frontière Pyrénéenne

Zone de chalandise

Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du XIX e siècle que les montagnes pyrénéennes sont considérées comme frontière.

Pendant des siècles le bétail et le commerce tracèrent les routes sans se soucier des ingénieurs et des géographes. Les régions ibériques exportaient de la laine, des fruits, de l’huile et du sel, les Français passaient la frontière – qui n’en était pas encore une – chargés de tissus, de pois, ou menant les bêtes aux foires. Ce n’est qu’avec le Traité des Pyrénées que la matérialisation de la frontière franco-espagnole vit le jour, sans toutefois changer les usages. Aujourd’hui encore, les mentalités et les modes de vie sont beaucoup plus proches entre habitants des deux côtés de la frontière qu’entre montagnards et citadins du même pays.

Durant près d’un millénaire la « frontière pyrénéenne » va vivre diverses situations.

Les Carolingiens conduisirent des expéditions qui aboutirent à la constitution de comtés, d’abord autonomes, puis englobés dans l’espace catalan. La montagne assuma souvent son rôle de refuge, contribua à la résistance contre les Maures et fut un lieu de départ pour la reconquête du Sud (prise de Saragosse en 1118).
Du XVI au XVIII e siècle, dans « une fédération pyrénéenne » de Cavailles, l’auteur constate que des traités de « lies et passeries lient les villages entre eux des deux côtés des cols. Ces contrats établissent les règles de commerce et de pâture de façon totalement autonome, et ce jusqu’à la révolution française, qui mit fin à ces privilèges.
extrait d’une charte coutumière
Le col de la Bernatoire est toujours emprunté par les troupeaux aragonais qui viennent paître sur le versant français en vertu du Traité de Bayonne signé en 1868.

Le traité des Pyrénées

Les conflits géopolitiques opposant la France et l’Espagne au long des XVI e et XVII e siècles débouchèrent sur la paix, ou traité des Pyrénées signé en 1659 au milieu du cours de la

La minuscule île des Faisans
où fut signé le traité
Bidassoa.
La frontière administrative était créée, il ne restait plus qu’à la matérialiser, ce qui ne fut fait que dans la seconde moitié du XIX e siècle, avec l’implantation de 602 bornes de pierre d’Est en Ouest.
La frontière devint un lieu très surveillé, de nombreux châteaux et postes de garde furent construits pour tenter de contrôler le passage des hommes et des biens.
L’Espagne voulut empêcher la propagation du protestantisme, et la France tenta de contrôler le passage des clandestins lors de la guerre civile espagnole. Mais cela n’empêcha pas les Pyrénées de jouer leur rôle protecteur, et les réfugiés des deux bords trouvèrent souvent asile de l’autre côté de la frontière.

L’Espagne s’ouvre

Pendant longtemps, la chape de plomb franquiste a réduit l’Espagne au silence.

Depuis la démocratisation de l’Espagne et son entrée dans la CEE, elle fait preuve d’un grand dynamisme et rattrape le temps perdu.
Les échanges commerciaux entre les deux pays n’ont jamais cessé, mais aujourd’hui, il y a de plus en plus de projets culturels et économiques communs, et des projets de vie et de développement très proches, de part et d’autre de la frontière.

Bardenas Reales
Barcelone, la branchée, attire Perpignanais et Toulousains pour faire la fête le temps d’un week-end, les Bordelais fréquentent régulièrement les Bardenas Navarraises en VTT, et on rencontre pas mal d’Espagnols rentrant de France le dimanche.
Désormais le tourisme en Espagne ne se limite plus à la Costa Brava et l’on découvre la richesse des Pyrénées dans toute son intégrité.
Il existe pourtant peu de guides qui considèrent les Pyrnées dans son ensemble, le premier à faire quelques incursions en territoire étranger fut le guide de Joanne publié en 1858, puis le grand guide des Pyrénées aux éditions Milan et Rando – Editions en 1995 et enfin le dictionnaire encyclopédique des Pyrénées aux éditions Privat en 1999.

Histoire

Le 23 décembre 2000, un différent oppose la commune de Porta (66) et l’Andorre à propos de 500 ha.
Un vieux litige qui remonte à la surface depuis que les Andorrans ont fait la demande d’échange d’un hectare et demi de terrain afin de pouvoir construire un viaduc à la sortie du tunnel d’Envalira
L’Etat français vient d’accepter de déplacer le poste des Douanes deux kilomètres en contrebas de la frontière afin d’éviter des bouchons à la sortie du futur tunnel d’Envalira. Une décision qui pourrait couper en deux la commune de Porta qui a déjà vu certains de ses terrains « annéxés de fait » par l’installation de remontées mécaniques du Pas de La Case.

A ce propos, voir l’article de Jean-Pierre Cardot dans la tribune

Quelques précisions

Carolingiens : famille franque qui succéda aux Mérovingiens de 751 à 987 (dont Charlemagne de 768 à 814). retour

« Les Monts Pyrénées »
(1701) par le sieur
Sanson, géographe
du roi
Paix ou Traité des Pyrénées : signé par Don Luis de Haro et Mazarin (alors tuteur du très jeune Louis XIV) en 1659 sur l’île des Faisans. Ce traité mit fin à près de 150 ans de conflits, moyennant d’âpres négociations, et débouchant sur certaines absurdités comme l’enclave de Llivia.
La Cerdagne fut une pomme de discorde dès le début des négociations et donna des sueurs froides à Mazarin. Il obtint de l’Espagne 33 villages permettant à la France de relier le pays de Foix à la vallée de l’Aude, coupant par la même occasion la Cerdagne en deux. L’ Espagne obtint en 1660 L’enclave de Llivia, petit territoire espagnol de 12 km2 au milieu de la Cerdagne française. Cette « anomalie » s’est révélée être une très bonne affaire pour cette petite bourgade et facilita grandement les activités de contrebande.
Afin de mieux asseoir cette nouvelle paix, le traité prévoyait le mariage du jeune Louis XIV avec l’infante Marie-Thérèse, fille de Philippe IV. retour

L’une des 602 bornes
de pierre
602 bornes : la délimitation de la frontière ne fut pas chose aisée, d’autant plus que la cartographie était encore balbutiante. De 1784 à 1792 la commission Caro – d’Ornano dite « des limites » fut chargée de clarifier le tracé et d’éviter les contestations. Le traité de Bayonne (1856/1866) et les conventions de 1858/1868 achevèrent le travail après deux siècles de négociations, de cartographies et de tractations pour arriver à un tracé qui ne fut plus trop contesté et qui fut matérialisé par les fameuses 602 bornes de pierre couvrant les 420 km de la chaîne. retour

Guerre civile : elle opposa, de 1936 à 1939, les défenseurs de la République espagnole à une insurrection nationaliste et militaire menée par Francisco Franco et José Sanjurjo.

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