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Le PHN : Plan Hydraulique National espagnol

Partout en Espagne s’élèvent des protestations contre le PHN, Plan Hydraulique National, voté par le gouvernement le 10 mai 2001 pour répondre aux difficultés que rencontrent certaines régions à s’approvisionner en eau potable.

La manifestation de Madrid du mois de mars a réuni 400 000 personnes, 300 000 personnes en février à Barcelone…
Le peuple espagnol n’entend pas être dépossédé d’un sujet aussi important que la gestion de son eau.

L’ancien président Félipe Gonzalez affirmait que le dossier de l’eau serait le principal enjeu politique du IIIe millénaire, tout en se gardant bien d’en assumer la charge. L’actuel gouvernement de José Maria Aznar a décidé de remettre sur la table le plan prévu par la loi sur l’eau de 1985, le fameux PHN, et de l’imposer coûte que coûte. Au sein même du gouvernement, le plan ne fait pas l’unanimité, notamment parmi les experts qui ont voté contre, ainsi que les régions d’Aragon, Andalousie, Asturies, Baléares.

Objet de discorde

Tout le monde s’accorde à dire que l’eau doit être gérée et régulée, qu’il y a d’énormes disparités entre les régions pyrénéennes (Aragon, Navarre, Asturies) bien pourvues en eau et les plaines catalanes ou du sud.
L’Espagne à déjà connu énormément de travaux hydrauliques, souvent gigantesques, et il reste peu de ríos qui n’aient pas connu barrages, détournements et travaux divers.
Si le volet du PHN qui consiste à nettoyer les berges, contenir les crues, rénover les systèmes d’irrigation…met tout le monde d’accord, il n’en va pas de même de la pièce maîtresse du plan à savoir le  » transvasement  » qui consiste à faire passer 1050 m3 des eaux de l’Ebre vers Barcelone et le bassin méditerranéen où l’agriculture et l’expansion immobilière réclament toujours plus d’eau.

Il reste peu de ríos encore vierges

L’Ebre dans lequel se jette les ríos venant des Pyrénées, déjà largement surexploité n’est, actuellement, pas en mesure de fournir les 1050 m3 prévu par le PHN. Pour gonfler l’Ebre, il est prévu la construction de 118 barrages, l’inondation de zones naturelles protégées, de vallées fertiles et de villages habités. Il semble aux aragonais, les plus concernés par ce plan, que c’est un mauvais rêve qui recommence, comme quand, sous Franco, les habitants du village de Janovas avaient été expulsés avec des méthodes musclées, pour la construction d’un barrage qui en définitive n’a jamais vu le jour.
Côté Méditerranée, le delta de l’Ebre est déjà menacé par la mer, le gonflement artificiel de l’Ebre menace fortement le delta où 9000 familles cultivent le riz.
La politique hydraulique de grands travaux et d’inondations de vallées à été la cause principale du dépeuplement de l’Aragon (Pallars, Sobrarbe, Ribagorza…) contre lequel ces régions tentent aujourd’hui de lutter en mettant en place des politiques de valorisation de patrimoine, dans des projets raisonnés et concertés, souvent financés par la communauté européenne. Beaucoup de ces projets seraient remis en cause par le PHN.
Les habitants du Nord, pauvres, ne veulent pas devenir le château d’eau, et uniquement cela, des zones riches du sud.

De l’eau pour qui, pour quoi ?

L’agriculture espagnole est très gourmande en eau avec près de 15% de cultures par inondation qui utilisent près de 80% des ressources en eau disponibles, et il est prévu d’étendre encore ce système (ces 15% produisent 55% de la production agricole totale). l’Espagne se place au troisième rang des pays consommateurs d’eau après les Etats-Unis et le Japon. Près de 20 % de l’eau se perd dans des réseaux et de canalisations vétustes, voire des pompages illicites.

Rizière dans les Bardenas
Le prix de l’eau ne couvre absolument pas le coût réel de son exploitation. Certaines nappes phréatiques sont trop polluées pour être utilisées. Le modèle ultra-compétitif qu’a choisi le pays l’oblige à produire toujours plus pour le plus bas prix sans tenir compte de ses ressources naturelles.
Si l’on suit les prévisions des experts, le transvasement des eaux de l’Ebre ne suffirait pas à couvrir les besoins en eau et le problème, au lieu d’être résolu, ne serait que retardé.

Le gouvernement affirme que le PHN est la solution la moins coûteuse, notamment face à l’acheminement des eaux du Rhône. Le budget initial de 150 milliards de Francs ne prends en compte que les coûts directs.

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